Sur un document de 1345, l’endroit porte le nom la Plagne (endroit plat effectivement). Un sieur Eyraud y réside, au XVème siècle, il a peut-être laissé sa trace, francisée par la suite en Chez Eyraud.
Dans les années 50, c’est encore un hameau de petites maisons en pierre et torchis parfois à colombage, contrastant avec une ferme massive (métairie du château des Bayles) construite vers 1880, alimentée en eau par un réseau complexe d’aqueducs.
Avoir un puits est une réelle chance, sinon on va à la fontaine avec un broc et on fait la lessive au lavoir . L’un des systèmes fontaine-lavoir est maintenant enfoui sous le croisement des rues du Stade et Jean Moulin.
A cette époque, la personnalité pittoresque du Cheyraud était sans nul doute Félix P.
Sorte d’écolo avant l’heure, il s’éclairait à la lampe à pétrole, se tenait informé grâce à un poste à galène, vivait d’un pain de 2kg acheté chaque semaine au boulanger ambulant, de sardines en conserve, de rillettes et des fabuleux légumes de son potager dont le carré de muguet était réputé dans tout le voisinage.
Excellent botaniste et donc phytothérapeute, il soignait, par exemple, les brûlures en leur appliquant l’intérieur d’une vesse de loup.
Féru d’astronomie, d’astrologie et de Nostradamus, il n’était, certes, pas marié mais avait une promise ; il avait lu dans les étoiles que c’était elle qui viendrait à lui…. il suffisait donc d’attendre…. Sur la table de son antre sombre, il déployait, de temps à autre, un plan de Limoges et à l’aide d’un pendule suivait les allées et venues de la bien-aimée…..si par bonheur elle avait pris la rue d’Isle, il aurait eu tout juste le temps de faire un brin de toilette et de ménage…
Réputé radiesthésiste, on le sollicitait pour localiser une source ou encore retrouver un chien perdu.
Il arrivait qu’il rassemblât les enfants du village pour une démonstration scientifique : comment, avec une loupe et le soleil, enflammer une feuille de papier.
J’ai entendu dire que les marque-pages de ses ouvrages savants étaient des bons du trésor au porteur et que des louis d’or remplissaient des boîtes à sucre….. « le trésor de Monsieur P. » ?